Église de Sillars
L’église Saint-Félix de Sillars est une église très ancienne. Elle est notamment citée dans différents textes déjà au Xème siècle. En très mauvais état et laissée à l’abandon pendant plusieurs siècles, elle est entièrement restaurée à la fin du XIXème siècle. Elle bénéficiera notamment d’un nouveau clocher en 1875 et d’un nouveau chœur en 1890. L’église Saint-Félix de Sillars est dotée d’une voûte qui s’appuie sur des culs-de-lampe du début du XIIe siècle représentant des têtes de femme à l’ouest et des têtes d’homme à l’est. Au sud, les armes des châtelains de Sillars sont sculptées sur le linteau de la porte latérale. Les vitraux ont été brisés par une explosion en 1944.
Une longue histoire
Sillars apparaît dès le début du Xème siècle dans les textes. La localité est mentionnée comme siège d’une viguerie, circonscription administrative de l’époque carolingienne. L’église de la commune, quant à elle, apparaît sous son vocable de Saint-Félix vers 1090. Jusqu’à la Révolution, la paroisse appartiendra à l’archiprêtre de Lussac, mais le curé sera nommé par le chapitre de Morthemer. De nombreux saints ont porté le nom de Félix. Fêté le 1er août, le Félix honoré à Sillars ne peut être que Saint- Félix de Gérone. Il faut cependant se montrer prudent, cette date ayant pu être fixée tardivement.
Le prieuré de la Chaise, non loin du bourg, faisait partie des quelques possessions poitevines de l’abbaye auvergnate de la Chaise-Dieu en Poitou, parmi lesquelles figure aussi Parthenay-le-Vieux. Aldebert de Montmorillon, Abbé de Déols, près de Châteauroux, séjourne à la Chaise-Dieu. Il en résultera, pour le monastère auvergnat, plusieurs donations vers 1090, dont Sillars cédé par Pierre II, évêque de Poitiers. Il abandonne simultanément la moitié de la cire pascale et des oblations de Noël et de la Saint-Félix qu’il avait en cette église tenue par les seigneurs de Montmorillon, descendants des viguiers de Sillars. L’abbaye perdra l’église à la fin du XIIIème siècle, mais conservera les prieurés simples qu’elle avait fondés dans la paroisse à Cherchillé et à la Chaise-aux-Moines.
Il convient de signaler que la cloche, nommée Félix, date de 1779. La “pierre des morts”, à l’entrée, servait, autrefois et selon l’usage, à déposer la bière avant les funérailles. Et s sous le chœur, il y a un un caveau, fermé en 1970.
L’extérieur de l’église
En dépit de travaux menés à la couverture toute à la fin du XVIIe siècle, l’église est dans un très mauvais état au milieu du XIXe siècle et il est décidé qu’il faut la restaurer intégralement. La réfection, sur les plans de l’architecte Fougerolles, débute en 1875 et s’achève par la rénovation du chœur. Un laps de temps de cinquante ans, centré sur l’épiscopat de Monseigneur Pie (1849-1880), verra près de 20 % des églises du diocèse reconstruites à neuf ou complètement restaurées. L’église de Sillars fait partie de la série.
L’édifice, au milieu du village, signale l’époque de sa restauration : un clocher en œuvre disposé en façade, un aspect néo-roman. L’inégalité des contreforts massifs, des accès et des baies percées dans les murs latéraux montre que les restaurateurs ont pris en compte les vestiges existants. Au sud, les armes des châtelains de Sillars sont sculptées sur le linteau de la porte latérale.
La nef de l’église
Vous pénétrez dans la nef en passant par une travée formant narthex. Les espaces latéraux accueillaient, selon un dispositif commun au temps de la restauration, à gauche, les fonts baptismaux, à droite, l’accès à la tribune.
Dotée d’un seul et unique vaisseau, la nef aligne trois travées voûtées sur croisées d’ogives. Dans la dernière, les nervures retombent sur des culots médiévaux ornés de masques.
Les deux autels latéraux, au fond, sont dédiés à la Vierge et à saint Félix, titulaire de l’église. Ils sont surmontés de statues en plâtre moulé modernes. À l’exception d’une grisaille d’ornement, à droite, les baies sont garnies de vitraux historiés offerts par des donateurs. On retrouve ainsi à gauche, un représentation du Christ sur la croix, saint Jean-Baptiste, Sainte Radegonde et Saint Louis, ces derniers dans les baies géminées de la dernière travée. À droite, on retrouve une sainte moniale (peut-être Thérèse d’Avila ) et deux autres saintes dans des médaillons, dont l’une est Germaine de Pibrac, alors très vénérée, mais impossible à déterminer avec précision. Et enfin, à la tribune, on retrouve une représentation du Sacré Cœur de Jésus.
Il faut savoir que les vitraux, réalisés entre 1874 et 1935, sont de provenances diverses. Les ateliers Charlemagne, de Toulouse, et surtout Fournier, de Tours, sont très actifs dans la région. Dans le sanctuaire on va découvrir le travail moins connu de Jean Bousset. Ce maître-verrier originaire du Massif Central est le seul des trois ayant eu pendant quelques années un atelier à Poitiers. Ses vitraux datent de 1879 et 1880.
Le sanctuaire de l’église
Passé le retour de mur contre lequel sont disposés les autels secondaires, une travée précède le sanctuaire.
Deux chapelles peu profondes, mais dont il faut remarquer la voûte assez complexe ont été aménagées à droite et à gauche. Parmi leurs quatre statues en plâtre, assez communes dans nos églises, saint Joseph, à droite, se distingue quelque peu. Au Moyen Âge, Joseph n’apparaît jamais seul, mais dans les scènes de la vie de la Sainte Famille. Le changement survient au XVIème siècle quand son culte est promu par Thérèse d’Avila. Souvent représenté avec Jésus enfant, il est aussi figuré tenant une tige de lys, symbole de chasteté. Ici, pas de lys, pas d’Enfant Jésus, mais une corbeille avec les deux colombes de la « Présentation de Jésus au Temple ».