Cité de caractère

Les grandes randonnées

Le pays Montmorillonnais compte près de 18 sentiers de randonnées, connus sous l’appellation « Grandes randonnées ». Quatre d’entre eux sont localisés dans le canton de Lussac-les-Châteaux, à savoir le sentier « Sur les pas de Radegonde » qui vous fera découvrir Verrières et vous fera travers les vallées du Rin et de la Dive ; le sentier « Le Goberté » qui sillonne le plateau séparant Mazerolles, Gouex et Bouresse  ; le sentier de « La fosse aux loups » qui part des plaines lussacoises vers les vallées de Persac ; et enfin le sentier « Le Gué de la biche » qui vous fera traversé la forêt de Lussac afin de rejoindre la vallée de la Vienne à Civaux.

Voici le paysage qui domine dans la vallée de la Vienne
Voici le paysage qui domine dans la vallée de la Vienne © loisirs-lesorangeries.com

Nous allons décrire plus en détail chacun de ces grands sentiers de randonnées.

Sur les pas de Radegonde

Sur les pas de Radegonde
Sur les pas de Radegonde © verrieres-vienne.fr

« Sur les pas de Redegonde » est un sentier qui offre la possibilité de parcourir 11 boucles qui font entre 3 km pour l’itinéraire la plus courte et 9 km pour le plus long.

Que ce soit à pied, à vélo ou à cheval, ce sentier vous fera découvrir les vallées du Rin et de la Dive. Et durant la randonnée vous constaterez par vous-même que l’Homme était bien présent en ces lieux autrefois. Couvrant l’époque de préhistoire jusqu’à l’antiquité, l’occupation humaine était très marquée et a laissé des traces, comme en témoignent encore les grottes du Bois-Ragot (Gouex), de la sablière et de Loubressac (Mazerolles), le dolmen de Loubressac (Mazerolles) ainsi que les vestiges gallo-romains que vous découvrirez tout au long du parcours.

Le Dolmen de Loubressac
Le Dolmen de Loubressac © Wikimedia Commons

À un moment du parcours, vous passerez tout près de la nécropole mérovingienne de Civaux. La période mérovingienne est également très marquée tout au long du sentier, notamment à Lhommaizé, par la présence d’une carrière de sarcophages, et dans « vallée des tombes ».

Le Moyen Âge est également très présent. En effet, c’est la période de l’organisation des paroisses et vous découvrirez les vestiges de nombreuses églises et châteaux sur le sentier.

Ce sentier, avec ces quelques prolongements sur le sentier de Goberté, nous rappelle qu’il y avait une forte activité industrielle dans la région. En effet, sur votre parcours, ce sont les vastes forêts, les anciens gisements de minerai de fer, l’abondance de petits lacs et de ruisseaux qui dominent le paysage. On reconnaîtra aisément là toutes les conditions nécessaires au développement d’activités industrielles en tout genre.

La préhistoire, l’antiquité, le Moyen-Âge et l’activité industrielle ne sont pas les seuls à avoir laissé leurs marques sur tout le territoire. Tout au long de ce parcours, la piété de nos ancêtres a laissé des traces. Au XIXe et encore jusqu’au début du XXe siècle, les « voyages », sortes de pèlerinages locaux et individuels, étaient très nombreux et témoignaient de la dévotion populaire aux saints. Ces saints, sorte d’intercesseurs auprès de Dieu, permettaient souvent de guérir différentes maladies ou bien de résoudre quelques soucis quotidiens.

On retrouve ainsi tout au long du parcours, les vestiges de nombreuses chapelles où se déroulaient ces pèlerinages, notamment, la chapelle de la Rigaudière. Cette évocation rappelle également un autre voyage fait non loin de là, au pont de Verrières, appelé le pont de Saint Braillard. Vous pouvez notamment observer que sur la paroi nord de l’arche présente encore une petite pierre, sculptée d’un petit personnage et avec quelques inscriptions. Selon la tradition populaire, passer sur le pont empêchait les enfants d’uriner au lit et de pleurer la nuit. Un peu plus loin à Saint-Laurent-de-Jourdes, on venait vénérer la statue de Saint-Laurent, qui est d’ailleurs toujours visible.

Le sentier qui longue Saint-Laurent-De-Jourde
Le sentier qui longue Saint-Laurent-De-Jourde © cartesfrance.fr

Sur ces terres de friches, depuis toujours, abris et hangars étaient édifiés avec des végétaux par les paysans du coin pour y mettre leurs outils ou bien encore y abriter les animaux. Cette tradition s’est progressivement perdue, cependant à Bouresse, par exemple, au début des années 2000, les équipes qui entretiennent les sentiers de randonnée ont maintenu ce savoir-faire en construisant un grand hangar traditionnel que vous pourrez admirer de l’extérieur et de l’intérieur.

Le Gorbeté

Le Goberté
Le Goberté © sudviennepoitou.com

Le sentier de randonnée « Le Gorbeté » couvre les communes de Bouresse, Gouex, Mazeroles et Queaux. Vous avez la possibilité de suivre 10 boucles avec des distances comprises entre 5 km et 35 km. Vous pouvez parcourir le sentier à pied, à vélo ou à cheval.

Cela fait des siècles qu’il n’y a plus d’activité d’extraction de minerai de fer, ni de forges dans la région. Par ailleurs, les paysages que le randonneur va traverser en suivant les boucles du sentier « Le Gorbeté » témoignent encore de l’extraction du minerai, du transport de matériaux lourds, de la coupe des bois pour la fabrication du charbon ou encore de l’utilisation de la puissance de l’eau, en abondance sur tout le parcours.

Si autrefois, différentes sortes de bruits ont retenti dans ces lieux, aujourd’hui ils sont calmes et propices à la promenade. Si l’impressionnant spectacle de la fusion de la matière n’existe plus à Goberté, les toponymes (minières, terres noires, charbonnières, ferrières, rochefers...) témoignent de l’intense activité industrielle dans la région depuis l’antiquité gallo-romaine.

De Vulcain (dieu forgeron) à saint-Sylvain (protecteur des forêts), il n’y a qu’un pas (de randonneur). La légende de saint-Sylvain suit les rives de la Vienne du Limousin jusqu’à Mazerolles. Son corps martyrisé a-t-il été mis dans un sac avant d’être jeté dans la rivière comme le dit la tradition ? Emporté par le courant, son voyage au fil de l’eau l’aurait alors mené à L’Isle-Jourdain, puis à Mazerolles où les riverains auraient ouvert le sac. La légende raconte aussi que les reliques du saint ont été enterrées à Loubressac. Inhumé sur les rives de la Vienne, on éleva sur sa tombe un sanctuaire qui devient un lieu de pèlerinage très fréquenté. Votre parcours sur le sentier « Le Gorbeté » vous fera découvrir tous ces endroits historiques.

Rive de la Vienne qui longe L’Isle-Jourdain
Rive de la Vienne qui longe L'Isle-Jourdain © Ville-Data.com

Vous allez également apercevoir un dolmen préhistorique qui date de -2000 ans av. J.-C. à Loubressac. Ce monument atteste d’une tradition religieuse très ancienne.

Vous allez notamment faire un petit passage sur les bords de la D8 qui relie Bouresse à Verrières, et découvrirez la chapelle Sainte-Radegonde qui fut édifiée à la lisière des deux communes. Reconstruite en 1827, la chapelle accueillait des assemblées populaires très suivies jusqu’à la dernière guerre mondiale.

Au fil de la promenade, vous pourrez apprécier de nombreux témoignages de l’activité artisanale. Vous apercevrez notamment les vestiges de béliers hydrauliques (dispositif pour faire remonter une masse liquide et qui servait à remonter l’eau de la rivière pour arroser les cultures ou encore remplir les abreuvoirs d’animaux. Toujours concernant les vestiges de l’artisanat, vous trouverez près de Queaux, un abri de pierres sèches qui constitue l’un des derniers vestiges de ces constructions de petite taille utilisées par les travailleurs de la vigne comme abris contre les intempéries.

La fosse aux loups

La fosse aux loups
La fosse aux loups © sudviennepoitou.com

Le sentier de randonnées que l’on connaît sous le nom de « Fosse aux loups » propose cinq possibilités de parcours dans la boucle nord (7 km), ma boucle centrale (9 km), la boucle sud-ouest (7 km), la boucle sud-est (6,5 km) et la boucle extérieure (20 km).

Quelle que soit la boucle que vous choisirez, vos premiers kilomètres se feront le long de la vallée de la Vienne où vous allez pouvoir admirer les arcades de Villars. Il s’agit d’une construction composée de 44 arcades disposées en voûte qui soutenaient l’ancienne voie ferrée qui reliait Lussac-les-Châteaux et Saint-Saviol.

Les arcades de Villars
Les arcades de Villars © persac.fr

Le sentier se poursuit en arpentant les anciennes rues médiévales de Lussac-les-Châteaux jusqu’au plateau des chirons. Entre-temps, vous allez parcourir le vieux chemin gaulois de la « Fosse aux Loups », d’où le sentier tire son nom, puis le hameau de Bagneux.

L’intérieur du musée
L'intérieur du musée © La Sabline

Tout au long de ce parcours, vous passerez devant de nombreuses grottes préhistoriques aux alentours de Lussac-les-Châteaux, y compris les grottes de « la Marche » et des « Fadets ». Dans ces grottes, on a découvert de nombreux objets archéologiques qui sont maintenant exposés au musée de la Préhistoire de Lussac, y compris des plaquettes de calcaire sur lesquelles sont gravées des représentations d’êtres humains et d’animaux, des outils, ainsi que des vêtements de parure.

Après avoir traversé le quartier des tanneurs, votre chemin se poursuivra vers les ruines du château féodal. Pour y accéder, vous devrez emprunter petit pont au-dessus de l’étang. D’ailleurs sur votre gauche, vous pourrez admirer les piles en pierre de l’ancien pont-levis.

Vestiges du pont-levis féodal de Lussac Les Châteaux
Vestiges du pont-levis féodal de Lussac Les Châteaux

Dans les vestiges du château, vous pourrez admirer l’ « Hermitage », un monument énigmatique dont on ne connaît pas exactement l’utilisation.

En continuant votre chemin vous tomberez sur des chirons, dans lesquelles on retrouve des bois des champs et des près avec des noms très cocasses, comme « Chantegros », « Pré aux filles », « Grolles », « la Grande Bergère », « les Reclos », « Enclos », « Renfermés », ou encore « Séjots », « la Broue », et « Turlure ».

La prochaine étape sera Persac, ou vous pourrez admirer les vestiges de châteaux forts du Moyen-Âge comme « la Mothe », et la « Brûlonnière ». Il n’en reste que les toitures et les murailles.

Vers la fin du parcours, vous trouverez des croix de chemin, récemment restaurées.

Le gué de la biche

Sur le sentier de randonnée « Le gué de la biche », le parcours peut aller de 5 km pour les novices à 35 km pour les véritables aventuriers. Sur certaines portions du sentier, vous serez confronté à des reliefs accidentés. Vous aurez également à traverser la route nationale 147, donc il faut faire preuve d’une très grande vigilance. Voilà pour le préambule. Maintenant, entrons dans le vif du sujet.

Depuis des milliers d’années, les civilisations humaines ont laissé des traces de leur existence et de leur passage sur les rives de la Vienne. L’abondance des découvertes archéologiques réalisées autour de Lussac-les-Châteaux, Mazerolles et Civaux peuvent en témoigner.

Lors des portions du sentier qui passent autour de Lussac-les-Châteaux, vous allez parcourir une vallée humide bordée de falaises remplie de grottes qui sont magnifiquement exposées à l’ensoleillement. C’est dans ces grottes que l’homme paléolithique a laissé les marques et les preuves de sa présence faisant aujourd’hui la renommée de Lussac en matière d’archéologie et d’art préhistorique.

Les ruines du pont médiéval de Lussac-les-Châteaux
Les ruines du pont médiéval de Lussac-les-Châteaux © Wikimedia Commons

À l’entrée de l’ancienne cité médiévale de Lussac-les-Châteaux, vous allez pouvoir admirer la résurgence de la Font-Serein qui rejoint le ruisseau des Grands Moulins qui, depuis 1492, alimente l’étang dans lequel baignent les puissantes piles du pont médiéval de Lussac-les-Châteaux. Ici, vous ne pourrez plus admirer des châteaux. Les seules constructions féodales qui subsistent sont les murs, percés d’archères et de canonnières.

À Lussac, toute votre attention sera focalisée sur les maisons des tanneurs près de la grotte de la Marche ou encore les demeures anciennes et tours à escalier dans la rue Saint-Michel. Si vous êtes un amateur d’histoire, vous voudrez certainement faire un tour dans la maison natale de Mme de Montespan, favorite du roi Soleil, née Françoise de Rochechouart. Et pour les amateurs d’architecture, vous serez très bien servi avec le musée de la Préhistoire, la maison des Jeunes et de la Culture et la Médiathèque. À l’écart du bourg, dissimulé dans les buis et perché sur un escarpement, s’élève un ensemble bâti, énigmatique, à demi ruiné, appelé "l’Hermitage" ou "La Léproserie".

Les ruines de l’Hermitage ou La Léproserie
Les ruines de l'Hermitage ou La Léproserie © eklablog.com

Sur la rive gauche de la Vienne, le hameau de Loubressac que vous allez visiter est un lieu fréquenté depuis la nuit des temps, comme en témoignent un abri sous roche où l’on a retrouvé de nombreux mobiliers préhistoriques, un dolmen, les vestiges archéologiques d’une villa gallo-romaine et les ruines d’un pigeonnier.

Civaux recèle un patrimoine historique remarquable que vous allez pouvoir découvrir tout au long de la randonnée. Implantée sur l’aire sacrée d’un ancien temple gaulois, vous trouverez une piscine baptismale témoin de la présence précoce d’une communauté chrétienne dans la vallée de la Vienne. Vous trouverez également les vestiges d’une église, dédiée aux martyrs Saint-Gervais et Saint-Protais, où les seuls éléments qui restent sont le chevet et la nef.